Cameroun - Propos d’Emmanuel Macron sur la libération de Maurice Kamto/Me Emmanuel Simh (vice-président du MRC): «Dans une interview que j’ai accordée à Paris le 2 février 2020, j’avais déjà dit que le président Biya se comportait comme un préfet de la France et que je n’étais pas étonné par ce comportement»

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 04-Mar-2020 - 14h45   9616                      
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Me Emmanuel Simh Archives
Le membre du bureau politique du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun estime que le Cameroun n’est pas sorti de la tutelle de la France.

Difficile d’oublier l’échange, quasi surréaliste, entre le président français, Emmanuel Macron, et Calibri Calibro, un activiste camerounais, lors du Salon international de l’Agriculture, le 22 février 2020 à Paris en France.

Interrogé sur la situation sociopolitique et sécuritaire au Cameroun, le président Macron avait alors laissé entendre que la libération du leader du MRC, Maurice Kamto, était le résultat d’une pression exercée sur le chef de l’Etat camerounais Paul Biya.

Si cette sortie du numéro 1 français a agacé au plus haut point les partisans de Paul Biya, le 3ème vice-président du MRC, Me Emmanuel Simh, affirme que les propos de M. Macron n’ont rien de surprenant.

«Mr Macron est un Président et un chef d’Etat. Ce qu’il a dit, nous l’avons tous entendu. Moi, je n’étais pas étonné car dans une interview que j’ai accordée à Paris le 2 février dernier, j’avais déjà dit que le président Biya se comportait comme un préfet de la France et que je n’étais pas étonné par ce comportement», explique-t-il dans une interview publiée dans les colonnes du quotidien Le Messager édition du 4mars 2020.

«Mr Biya a été étudiant dans une Ecole de hautes études à Paris dont le rôle était de former des administrateurs coloniaux. Et quand Mr Biya est rentré au Cameroun, il a continué de se comporter exactement comme il a été formé, c’est-à-dire un administrateur colonial. Et aujourd’hui encore, il n’a pas réussi à se rendre compte que notre pays est indépendant, et agit comme un préfet. Je l’ai dit le 2 février à Paris», poursuit l’avocat au barreau du Cameroun.

Pour lui, cette sortie du président français, au sujet de la libération de Maurice Kamto, n’est pas normale «car, Mr Biya aurait dû ne jamais arrêter Mr Kamto, et lorsqu’il l’a arrêté, les Camerounais en grande majorité, même par des marches pacifiques lui ont demandé de libérer Mr Kamto et il ne l’a pas fait. Cela veut dire quoi ? Qu’apparemment Mr Biya ne sait pas nous écouter, nous son peuple et qu’il écoute les autres».

Me Simh pense qu’Emmanuel Macron n’aurait jamais tenu ces propos si Mr Kamto avait été libéré simplement «à la demande de toutes ces organisations internationales et nationales, des citoyens ordinaires, des églises qui lui demandaient de le libérer».

Donc je pense que ce que Mr Macron a dit, «il l’a dit et nous sommes tout simplement au regret d’imaginer qu’aujourd’hui encore le Cameroun n’est pas sorti de sa tutelle sous la France», indique-t-il.

 

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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