Le siège du Cameroun est resté vide à Ouagadougou, où se tenait du 28 février au 07 mars 2015, le festival panafricain du cinéma d'Ouagadougou (Fespaco). Invitée pour donner le sceau de la solennité du 7eme art tel qu'il s'observe dans le pays de Bassek ba Khobio, Dikongué Pipa, Alphonse Beni, Ambroise Mbia, Isidore Modjo..., Ama Tutu Muna, n'a pas fait te déplacement. Un budget de participation de son département ministériel bien ficelé, des valises apprêtées, des réservations d'hôtel et des billets d'avion presque dans le circuit, la ministre des Arts et de la culture n'a pas effectué le déplacement. Non pas pour des raisons financières. L'autorisation de sortir du pays, qu'elle attendait de sa hiérarchie, ne lui a pas été délivrée à temps. C'est seulement le 9 mars dernier qu'Ama Tutu Muna recevra un fax venant de la présidence de ta République, autorisant son déplacement et celui de ses collaborateurs. Trop tard. Commencé le 28 février, le Fespaco s'était achevé deux jours avant le courrier présidentiel.
La ministre des Arts et de ta culture n'est pas à sa première frustration. A la faveur de ta participation de l'équipe nationale du Cameroun à la Coupe du monde de football -Brésil 2014-, la ministre Ama Tutu Muna et ses collaborateurs s'étaient pliés en quatre pour préparer le volet accompagnement culturel du Cameroun. Non seulement la délégation du Minac sera -oubliée- à l'aéroport, mais plus grave, c'est le lendemain de l'élimination du Cameroun que sa hiérarchie lui notifie l'accord pour le déblocage des fonds. «Dans les deux cas, elle ne pouvait pas débloquer de l'argent; les évènements s'étant déjà déroulés, l'on aurait crié à des détournements de fonds. La ministre s'en est abstenue; elle y voyait un piège qui devait se refermer sur elle-, avoue un haut cadre au Minac. Irrités par l'accumulation des coups-tordus», les proches collaborateurs d'Aura Tutu Muna ne mettent plus les gangs. A les croire, la ministre est victime plus que d'un complot, mais d'une cabale, bien huilée, avec les mains sur la manivelle de la basse manœuvre, les spécialistes d'actes d'antijeu, des tacles irréguliers qui, tapis dans l'ombre, tirent les marrons du feu.
Administration publique qui se délite
Pendant les festivités marquant la célébration des Cinquantenaires de la Réunification à Buea, le nom d'Ama Tutu Muna, pressenti pour expliquer tes contours de la réalisation du monument des cinquantenaires, avait disparu, au dernier moment, parce que l'on ne voulait pas la voir partager la proximité avec Paul Biya. La même curiosité a été observée lors du premier rendez-vous de l'inauguration déprogrammée à la dernière minute du musée national.
"On était en plein dans les travaux du sommet du Golfe de Guinée. Faute d'avoir le chef de l'état, Paul Biya, Chantal Biya était attendue avec les autres premières dames, pour l'inauguration. Tout était fin prêt, les forces de sécurité mobilisées, le décor planté. A la dernière minute, la ministre devait s'entendre dire que la cérémonie n'aurait plus lieu. Difficile de savoir si ceux qui ont organisé ce coup avaient introduit cette activité dans l'agenda de la première dame», lance un haut cadre. Il y a quelques semaines, la cérémonie étant rendue définitive, il n'y a point eu de Chantal Biya, pourtant annoncée. Ni même Philémon Yang. Le Premier ministre et des membres du gouvernement ayant opté pour le boycott.
Dans la même lancée, comment perdre de vue la distance créée entre la première dame et la ministre des Arts, et de la culture, récemment, à la faveur du parrainage de la 10eme édition des -Canal d'or». Une fois encore, les courtisans, spécialistes de la pagaille et les «fossiles» qui entourent Chantal Biya, étaient à la manœuvre. «C'est choquant de voir tout ça. Et pourtant on est dans la même administration. Il ne saurait exister des fissures, les batailles de réseaux, les querelles internes et une discrimination quelconque», avoue-t-on. Certaines langues affirment que toutes les batteries sont mises en place pour que le climat d'instabilité permanente perdure dans les sociétés civiles du droit d'auteur. Il s'agit d'une agressivité violente et incongrue, qui consiste à montrer aux yeux de tous, de Paul Biya surtout, qu'elle est incompétente, inefficace dans la tenue des dossiers..
Englués dans les batailles de clans, de leadership et celles de fin de règne, les collaborateurs de Paul Biya ont définitivement fait sauter le verrou de la cohésion et de la solidarité gouvernementale. Des intérêts égoïstes accélèrent le rythme et la cadence de la décadence. A qui profite le jeu trouble, alors que le bateau est dans la tourmente? En tout cas, les déboires d'Ama Tutu Muna mettent à nu l'état de déliquescence d'un système englué dans l'autodestruction où les plus puissants de l'heure -elle a fait partie des plus puissants- bouffent les plus faibles.
Souley ONOHIOLO I Le Messager