Cameroun - MIJEF 2035: Le million de camerounais à former aux TIC en 20 ans aura droit à 40h de cours sur 14 jours

Par | Cameroon-Info.Net
- 17-Apr-2015 - 13h38   51130                      
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Armand Claude Abanda, représentant résident de l’Iai Cameroun et initiateur du programme MIJEF 2035 dit viser à travers cette initiative louable, l’accroissement des compétences pratiques en Tic des différentes couches sociales concernées, afin de contribuer à leur autonomisation et au développement du Cameroun.

Ce qu’il n’a pas précisé publiquement lors de la grandiose cérémonie de lancement de MIJEF 2035, c’est qu’il s’agit en effet d’une formation que l’on pourrait qualifier de « formation marathon », car ne durant que 40h sur 02 semaines.

Samedi 04 avril 2015 250 personnes, hommes et femmes, recevaient en présence de Bertrand Effoudou le sous-préfet de Foumbot dans l’arrondissement éponyme, leurs diplômes de fin de formation aux Technologies de l’information et de la communication (TIC) après deux semaines sous l’encadrement des experts de l’Institut africain d’informatique-Cameroun(IAI), le Centre d’excellence technologique Paul Biya. 40h durant ces apprenants ont été initié à l’usage de l’outil informatique dans le cadre de l’opération MIJEF 2035 dont ils constituaient la toute première vague.

Vingt et deux jours plutôt c’est-à-dire le vendredi 13 mars 2015 au siège de l’Iai au village Nkol Anga’a, sur la route de Mfou, non loin de Yaoundé dans la région du centre, se déroulait la cérémonie officielle de lancement de l’opération MIJEF 2035 sous la présidence de Marcie Niat (épouse du président du Senat) représentant la première dame Chantal Biya (marraine de l’opération MIJEF 2035 comme autrefois de l’opération 100 000 femmes à l’horizon 2012) en présences de nombreux membres du gouvernement, diplomates, autorités, populations.

Lors d’une sortie médiatique, Patrick Thomas, Conseiller technique à l’Institut africaine d’informatique (Iai) Cameroun, a déclaré au micro de la Crtv que « …le projet MIJEF 2035 initié par l’Iai Cameroun. Donc 01 million de femmes, de jeunes et d’enfants formés aux Technologies de l’information et de la communication (Tic) d’ici 2035. C’est un projet qui en capitalisant l’opération 100 000 femmes veut donner à tout un chacun la possibilité d’acquérir en 40h les bases de l’utilisation de l’informatique et des réseaux de façon à pouvoir ensuite être soi-même autonome et pour certains d’entre eux qui le souhaitent, créer un emploi, créer leur emploi pour pouvoir justement avoir des activités génératrices de revenus. Les coûts sont très accessibles, puisqu’ils s’échelonnent de 5 000 FCFA pour les enfants jusqu’à 20-25 000 FCFA pour les adultes… nous avons de nombreux partenariats avec des structures de l’Etat dont nous allons utiliser les locaux… l’important j’insiste c’est que ce sont des modules de formation de 40h, des modules extrêmement pratiques, où on souhaite avoir un poste de travail par apprenant. Quand vous sortez de là, quand vous très jeunes ou très âgés, que vous soyez capable de vous en sortir avec l’informatique et les réseaux internet ». C’était à la faveur des journées portes ouvertes au lycée bilingue d’Etoug-Ebe le 25 mars 2015, soit 12 jours après le lancement en fanfares de MIJEF 2035.

La formation d’un million de femmes (au-delà de 25 ans), de jeunes (15-25 ans) et enfants (6-14 ans) sur l’ensemble du territoire national 20 ans durant à raison de 50 000 personnes se fera en séances de 40h. 40h pour inculquer à des novices n’ayant jamais été en contact avec l’outil informatique pour la plupart : des connaissances en bureautique (Word, Excel), les usages d’Internet, les usages innovants des Tic (réseaux sociaux), et la création des projets en relation avec la problématique du développement (télésanté, télé-éducation, e-commerce, e-banking, e-agriculture, …).

Une ambition louable, mais qui ressemble à bien  regarder de près à des formations au rabais. Ceci d’autant plus que de nombreuses femmes formées dans le cadre de la précédente « opération 100 000 femmes à l’horizon 2012 » ont été incompétents sur le terrain, comme cette femme sortie de ladite opération et ne sachant manipuler un copieur multifonction ou un scanner. De nombreux autres exemples de patrons ou d’employeurs déçus par les produits de « l’opération 100 000 femmes à l’horizon 2012 » sont nombreux à travers le Cameroun.

Il est plus facile de bien former en s’appliquant, en prenant du temps pour  ses apprenants, qu’en calquant sur un horizon purement politique, le destin de dizaine de milliers de bougres qui y croiront jusqu’au bout, l’espoir faisant vivre. Quelles chances auront ces jeunes, femmes et enfants face aux autres jeunes, femmes et enfants mieux formées ? Encore que, faut-il préciser, les enfants ne sont pas destinés au marché de l’emploi, et qu’entre-temps ils auront reçu d’autres formations qui feront qu’il sera difficile d’attribuer leur réussite sociale à MIJEF 2035 ou à ces formations complémentaires.

Patrick Dongo

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