Comme de tradition depuis quelques années déjà, Maurice Kamto, le président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a prononcé son discours de fin d’année le 31 décembre 2019, au même moment que l’allocution radiodiffusée du Chef de l’Etat. Et dès l’entame de son propos, l’opposant a envoyé des piques à Paul Biya.

«En cette fin d’année 2019, le Cameroun est un Etat sinistré du fait de l’obstination de M. Paul Biya à demeurer à la tête de l’Etat alors qu’il n’a plus rien à offrir au pays», a violemment taclé l’ancien ministre.  

«Jamais, a-t-il poursuivi, un homme n’aura jamais autant sacrifié, pour son égo, la vie de ses compatriotes, toutes catégories sociales confondues».

L’homme politique attribue la responsabilité de la guerre dans les régions anglophones au pouvoir de Yaoundé.

«Le conflit armé dramatique que le régime en place impose aux compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest perdure et malgré l’évidence que nul ne pourra gagner cette guerre par les armes, le pouvoir refuse la tenue d’un dialogue sincère pour y mettre fin. Le bilan de cette guerre fratricide est terrible. Sur le plan humanitaire, environ 3000 et 12 000 morts selon les sources parmi les populations civiles, des centaines des forces de défense et de sécurité tombés armes à la main, plus de 50 000 réfugiés au Nigeria, des centaines de milliers de déplacés internes, des centaines de villages détruits, une pratique généralisée de la torture, des actes de barbarie et des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et des détentions massives. Sur le plan économique et social, l’arrêt des activités de nombreuses entreprises installées dans ces régions, des milliers d’emplois détruits dans un pays miné par un chômage élevé notamment parmi les jeunes et les deux régions déclarées économiquement sinistrées par le gouvernement», a énuméré celui qui a récemment passé près de neuf mois derrière les barreaux.

L’agrégé de droit estime que le régime en place a «utilisé le Grand Dialogue National comme un ruse pour gagner du temps face à la pression internationale».

Maurice Kamto continue de revendiquer sa victoire à la présidentielle de 2018. Il a soutenu que sa «victoire a été volée dans des conditions de fraude massive et ignoble».

Il a par ailleurs réitéré que l’appel au boycott des prochaines élections des députés et des conseillers municipaux en raison de la persistance de la guerre dans les régions anglophones et face à un Code Electoral querellé.

Fred BIHINA