La plateforme «Stand Up For Cameroon» a donné une conférence de presse le mardi 29 septembre 2020 à Douala, pour définir la conduite à adopter dans le contexte sociopolitique actuel, marqué par les marches pacifiques du 22 septembre 2020 par les Forces pour le Changement, la Paix et la Démocratie au Cameroun (FCPDC), à l’initiative du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).
«Stand Up For Cameroon», en tant que coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, n’a pas participé à ces événements, car il restait encore des détails à peaufiner pour intégrer les FCPDC. Elle a tout de même suivi avec un intérêt certain l’actualité des marches, et déplore les arrestations arbitraires de manifestants non-violents, qui ont contribué à faire régresser la démocratie camerounaise.
«Chaque fois que les Camerounais et en particulier le gouvernement du Cameroun, garant des libertés civiles et de l'État de droit, agissent avec violence, brutalité et illégalité contre d'autres citoyens, le Cameroun perd», lit-on dans la déclaration de «Stand Up For Cameroon».
La plateforme continue à inviter les Camerounais de l’intérieur comme de l’extérieur, à se mobiliser en faveur des manifestations non-violentes, pour exiger une transition politique au Cameroun. Déjà, en guise de protestation contre les arrestations et la détention arbitraires des manifestants du 22 septembre, «Stand Up For Cameroon» appelle les Camerounais à se vêtir en noir le vendredi 2 octobre 2020.
«Le port du noir est une protestation non-violente efficace que chaque Camerounais peut mener. Que vous soyez d'accord avec leurs opinions politiques ou non, les manifestants pacifiques ne devraient pas être en prison. Que vous soyez d'accord avec leurs opinions politiques ou non, les camerounais ne devraient pas être arrêtés arbitrairement et illégalement».
Déclaration de Stand Up For Cameroon :
LA TRANSITION POLITIQUE SERA LE FRUIT DE L’ACTION COLLECTIVE ET DÉTERMINÉE
Chers/es Camerounais/es,
Nous allons dans un proche avenir vers une échéance décisive pour la nation camerounaise.
Ce qui déterminera cette échéance ne sera ni un parti politique, ni un individu, mais bien le regroupement désiré et résolu de toutes les forces qui entendent se battre pour le changement véritable : *des partis politiques, des ONG, des forces religieuses, des syndicats, des personnalités, etc*
Rappelons qu'au cours des dix derniers jours dans notre pays, plus d'une douzaine de vies ont été perdues dans les régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces vies perdues, qu'il s'agisse de civils ou des éléments des forces armées, sont pourtant la chose la plus précieuse que nous ayons en tant que nation.
Rappelons également que le conflit dans ces régions est le résultat de la mauvaise gouvernance que notre pays connaît ces 38 dernières années. Agissons pour mettre fin à ces continuelles pertes en vies humaines.
Le régime de Biya qui ne peut plus tromper les Camerounais sur sa véritable nature a choisi d’installer le pays tout entier dans la violence : violence dans les zones de guerre et aussi violence hors des zones de guerre.
Jugez-en :
Le 22 septembre 2020, les Forces pour le Changement, la Paix et la Démocratie au Cameroun (FCPDC), initiées par le Mouvement de la Renaissance du Cameroun (MRC), ont organisé une manifestation pacifique.
Aujourd'hui, des centaines de Camerounais/es qui ont marché sans le moindre signe de violence sont en état d'arrestation, des dizaines ont été blessés par la répression et la brutalité de l'État camerounais, le président du MRC et d'autres dirigeants politiques sont assignés à résidence ou en détention.
Le gouvernement camerounais agit une fois de plus dans l'illégalité, la brutalité et en violation des droits fondamentaux pourtant garantis par notre Constitution.
Le 18 septembre 2020, soit quatre jours avant les marches pacifiques du 22 septembre, donc complètement en dehors du contexte prétendument sensible selon les campagnes alarmistes du pouvoir, *quatre membres de Stand Up For Cameroon avaient été arrêtés et sont toujours détenus à la prison de New Bell.*
Nous avons entendu parler de gagnants et de perdants. Qu’en est-il au juste ?
Chaque fois que les Camerounais se lèvent sans violence pour réclamer leurs droits, le Cameroun gagne.
Stand Up For Cameroon félicite ceux et celles qui ont manifesté pacifiquement le 22 septembre 2020 ; de même qu’il félicite ses propres membres, les quatre jeunes gens qui n’ont fait qu’exercer leurs droits fondamentaux à l'éducation et à l'action politique.
Chaque fois que les Camerounais et en particulier le gouvernement du Cameroun, garant des libertés civiles et de l'État de droit, agissent avec violence, brutalité et illégalité contre d'autres citoyens, le Cameroun perd. Nous avons perdu lourdement en tant que nation le 22 septembre 2020 et nous perdrons aussi longtemps que le régime Biya se figurera qu’il pourra arrêter sa chute en commettant des actes de violence contre de pacifiques citoyens.
Les Camerounais doivent dire : ça suffit !
Stand Up For Cameroon n’a pas participé à la manifestation du 22 septembre 2020, simplement parce que des discussions pour développer des objectifs communs, une stratégie commune et un plan d'action quoiqu’entamées avant cette date étaient encore à poursuivre.
Aujourd'hui plus que jamais, la dynamique pour construire une plateforme d'action commune pour les partis politiques d'opposition, les acteurs de la société civile et les citoyens ordinaires doit être intensifiée et accélérée. Stand up for Cameroon se réjouit de constater que la majorité des acteurs parviennent à un consensus sur le fait que la solution à l'effondrement actuel de notre pays est une transition politique démocratique qui permettra de refonder l'État et de déterminer un nouveau contrat social entre Camerounais.
Il y a un travail urgent à faire maintenant en concertation, en synergie et avec détermination, par un maximum de forces politiques, de la société civile et des citoyens ordinaires.
Ensemble, nous devons concevoir et mettre en œuvre avec rigueur des actions pour faire entendre raison à ce système en place depuis plus de 60 ans. Nous devons déterminer la stratégie, la tactique et l'action qui rassemblent les Camerounais et nous permettent d'amorcer la transition politique.
Dans cette optique, nous nous engageons, en tant que Stand Up For Cameroon, à :
Poursuivre et intensifier les discussions entamées avec le FCPDC pour déterminer une plate-forme commune.
Inviter d’autres partis politiques encore, d’autres acteurs de la société civile (syndicats et collectifs de journalistes et d’avocats par exemple) et des citoyens ordinaires pour construire une plateforme inclusive.
Alors que nous nous engageons dans la construction d'une plateforme inclusive et d'un agenda collectif pour la transition politique, Stand Up For Cameroon appelle tous les Camerounais du territoire national et de la diaspora à :
Inscrire fermement le combat pour la libération de notre pays dans la non-violence. Nous vous demandons de débattre, de discuter et d'agir de manière non-violente.
Notre pays est sous des régimes violents depuis 60 dernières années, notre premier acte concret vers le changement, un acte entièrement sous notre contrôle, est de parler et d'agir de manière non-violente, en personne et sur les médias sociaux.
Éviter tout ce qui divise sur la base de l'appartenance ethnique.
Les régimes oppressifs qui ont régné depuis l'indépendance ont utilisé la carte ethnique pour nous diviser et nous dominer. Aucune partie du pays n'est épargnée par les mauvaises conditions de vie.
Or les soi-disant élites de chaque ethnie jouent sur la carte ethnique pour se maintenir au pouvoir, en volant au passage les ressources locales de leurs propres communautés.
Ce que nous voulons c’est mettre fin à la division, à l’oppression et à la pauvreté, et construire une société prospère et équitable.
À Stand Up For Cameroon, nous vous demandons de mettre fin à tous les discours et à toutes les actions qui nous divisent et nous embrouillent. Cela ne sert qu'à maintenir le régime Biya au pouvoir. Partout dans ce pays, rassemblons-nous en tant que peuple opprimé pour initier la Transition Politique qui mettra fin à notre oppression commune.
Dans l'immédiat, Stand Up For Cameroon demande:
La libération de Moussa Bello, Ntsama Etienne, Mira Angoung et Tehle Membou qui ont été arrêtés le 18 septembre 2020 et sont actuellement détenus à la prison de New Bell. Ils n'ont commis aucun crime.
La libération de tous ceux qui ont manifesté pacifiquement le 22 septembre 2020. Une protestation pacifique n'est pas un crime.
La cessation des menaces contre le président du MRC Maurice Kamto et des autres dirigeants politiques actuellement assignés à résidence ou en détention. L'action politique n'est pas un crime.
La libération de tous les prisonniers politiques précédemment arrêtés dans le cadre de la crise anglophone.
La libération de tous ceux qui ont été abusivement et illégalement arrêtés dans le cadre de la crise de Boko Haram
Comme nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises, Stand Up For Cameroon appelle également le gouvernement camerounais à agir immédiatement pour :
Un cessez-le-feu dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest et pour initier le dialogue qui mènera à une paix durable.
Lancer une stratégie multidimensionnelle dans l'Extrême-Nord, incluant le respect des droits fondamentaux de l'homme, qui permettra d’éradiquer Boko Haram.
Pour souligner ces exigences, nous demandons à tous les Camerounais/es, au Cameroun et à l'étranger, de se joindre à nous pour un Vendredi en noir spécial le 2 octobre 2020. Le port du noir est une protestation non-violente efficace que chaque Camerounais peut mener. Que vous soyez d'accord avec leurs opinions politiques ou non, les manifestants pacifiques ne devraient pas être en prison. Que vous soyez d'accord avec leurs opinions politiques ou non, les camerounais ne devraient pas être arrêtés arbitrairement et illégalement.
*Portez du noir le 2 octobre 2020 pour défendre le respect des droits fondamentaux au Cameroun et le respect de l'État de droit.*
Ensemble, nous pouvons reconstruire notre nation.
Vive le Cameroun !
Vive l’Afrique !
Ont signé cette déclaration :
- Kah Walla, Présidente du Cameroon People’s Party (CPP).
- Albert Moutoudou, Président de l’UPC MANIDEM
- Hiram Iyodi, Secrétaire Exécutif du Mouvement Populaire pour la Prospérité du Peuple (MP3)
- Philippe Nanga, Coordonnateur Un Monde Avenir
- Michael Takie, Chairperson of West Cameroon Movement for Change
- Monique Kwachou, Coordinator of Better Breed Cameroon