Cameroun - Lutte contre l’onchocercose: Grâce à une nouvelle approche, 37 000 personnes traitées en 2 ans dans l’arrondissement d’Okola (Centre)

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 22-May-2017 - 12h59   8856                      
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L'Ambassadeur de France et les Chercheurs Thomson photo
La stratégie «Test and Treat» mise sur pied en 2015 par une équipe de chercheurs porte déjà ses fruits.

L’onchocercose constitue un problème de santé publique au Cameroun. Maladie parasitaire transmise à l’homme à travers la piqure des mouches noires trivialement appelées « mout mout », cette filaire sévit dans toutes les régions du pays, à des degrés différents. Selon les chiffres rendus publics en février 2017 par le Ministre de la Santé Publique, André Mama Fouda, le taux de prévalence au niveau national est d’environ 30%. Les taux de prévalence dans les régions du Centre et du Littoral sont respectivement de 50% et 60%.

 

Réticences

Pour combattre contre cette pathologie handicapante qui peut provoquer des atteintes cutanées et des atteintes oculaires pouvant conduire à la cécité, le gouvernement a lancé il y a une vingtaine une stratégie de traitement à l’Ivermectine sous directives communautaires (TIDC). Axée sur la distribution annuelle dans les communautés de l’ivermectine ou Mectizan, la première campagne de ce genre a été lancée dans six aires du district de santé d’Okola (arrondissement située à une trentaine de kilomètres de Yaoundé), en 1999.

Malheureusement, le traitement a provoqué chez certaines personnes de graves effets secondaires. Un phénomène qui a de fait, entraîné une la réticence chez les populations, freinant ainsi la lutte contre la maladie.

Nouvelle stratégie

Cette situation a amené une équipe de chercheurs du Centre de recherche sur les filarioses et autres maladies tropicales (CRFILMT) à mener des investigations sur le terrain. « Des investigations ont permis de comprendre que c’est la co-endémicité avec une autre filaire, la loase, qui été responsable de ces accidents thérapeutiques. En effet, les personnes à risque de faire des effets secondaires graves, sont celles qui hébergent des charges très élevées de la filaire Loa Loa (parasite responsable de la loase) dans le sang », explique le CRFILMT dans une note d’informations.

C’est ainsi que ledit centre que dirige le Pr Joseph Kamgno, a mis sur pied une nouvelle approche basée sur la stratégie « Test and Treat » en français Tester et Traiter (TNT). Une approche qui consiste à tester systématiquement les populations avent de leur administrer le Mectizan. Celles qui ne peuvent pas recevoir le Mectizan sont prises en charge de manière spécifique.

Résultats satisfaisants

Avec l’appui de la France, à travers l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD) et le gouvernement camerounais, la première campagne de la nouvelle stratégie a été lancée à Okola en 2015. Elle a permis de tester et traiter 16 000 personnes dans cet arrondissement qui abrite une population estimée à environ 50 000 personnes.

En mars dernier, après une campagne de communication intense, André Mama Fouda en personne, a lancé toujours à Okola, une autre campagne de Test and Treat. Le CRFILMT fait savoir que les résultats sont un franc succès. En quelques semaines seulement, près de 21 000 personnes ont subi le TNT. En tout, 37 000 personnes ont été testées et traitées en 2 ans.  

C’est donc pour clôturer la campagne que le CRFILMT a effectué hier, 21 mai, une descente sur le terrain, en compagnie du représentant du ministre de la Santé Publique, l’Ambassadeur de France au Cameroun, des responsables de l’IRD ainsi que des autorités administratives, municipales et traditionnelles d’Okola. Et c’est la petite localité d’Elig-Ndoum.

L’occasion pour les habitants de cette contrée de dire merci aux chercheurs et au gouvernement ainsi qu’à la France. « Grâce au Professeur (Kamgno ndlr) et toute son équipe, on a obtenu des résultats remarquables. C’est un travail qui est fait avec beaucoup de professionnalisme. Moi en tant qu’ambassadeur de France, je suis vraiment fier d’œuvrer avec les autorités camerounaises à sauver des vies des Camerounais », s’est réjoui Gilles Thilbault.

De son côté, Pr Thérèse Nkoa, Conseiller technique n2 au MINSANTE a rassuré de la détermination des pouvoirs publics à venir à bout de l’onchocercose. « Le choix d’Okola n’est pas un hasard. Nous avons choisi des zones ou cette maladie est endémique, c’est le cas d’Okola », a déclaré la représentante du MINSANTE. En guise de merci pour le travail accomplie, les autorités traditionnelles d’Okola ont élevé le Pr Joseph Kamgno et le Dr Michel Boussinesq de l’IRD, au rang de dignes fils de cette localité.  Après Okola, une autre campagne sera lancée en septembre prochain du côté de Soa.

Jean Marie Nkoussa, de retour d’Okola

Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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