Ces trois histoires courtes sont toutes des délices, nourris d’intrigues, de suspenses et servis dans un vocabulaire sobre, sans chichi, qui installe tout de suite le lecteur au cœur du récit et l’amène à y croire.
C’est le style habituel de Careen Pilo. La nouveauté ici, c’est la maîtrise de l’intrigue, l’imaginaire sans limite de l’auteur qui ne s’encombre pas de tabou. Pas de fausse pudeur, ce qui donne lieu à des personnages et personnalités extrêmes.
Le livre s’ouvre sur «Coupable obsession» ; la somptueuse cérémonie de mariage de deux «enfants de…», officiée comme c’est souvent le cas, par un fringant officier d’Etat civil, faisant lui aussi partie de la haute classe.
Personne, mais alors personne, ne peut s’attendre à la fin que réserve Careen Pilo à cette romance. Il en est de même de cette «Rencontre fatale» - la deuxième histoire – entre cette haute fonctionnaire et son voisin de vol durant un voyage qui la conduit à un colloque international à Singapour.
C’est enfin dans un décor de guerre que Careen Pilo plante la troisième histoire d’amour de son ouvrage. Elle n’en est pas moins captivante, haletante de suspense. Bien au contraire, entre l’enlèvement de jeunes filles par des combattants rebelles, un amour otage – combattant sur fond d’espionnage… On y croit tellement qu’on accompagne Leïla, l’otage en cavale dans sa périlleuse fuite. On a peur avec elle, on tremble avec elle, on revit avec elle.
Même si elle n’en a pas l’abondance, on peut rapprocher la plume de Pilo à celle d’une certaine Barbara Cartland, qui savait inventer des histoires d’amour.
En seulement trois nouvelles, Careen Pilo nous fait énormément voyager et nous montre mille facettes de l’amour, qui efface les limites de genre, de culture, de race. Pas vraiment étonnant quand on sait que l’auteure est une diplomate qui, ces dix dernières années a voyagé et vécu en Amérique, en Corée du Sud, en Hollande et actuellement en Italie où elle travaille pour l’Ambassade du Cameroun à Rome.
L’écrivaine peaufine d’ailleurs sa prochaine production littérair ; non pas un, mais deux romans aux titres évocateurs: ‘‘Négligence coupable’’ et ‘‘Il m’a dit: «J’attends un virement»’’.
Voilà une plume qui pourrait bien être utile au nouveau cinéma camerounais, contemporain, résolument moderne et chargé de ce rêve qui fait la magie de tout bon cinéma.
"Les marées affriolantes de l’amour", Careen Pilo, 89 pages, 2019, Les Editions du Schabel.