La justice populaire a le vent en poupe dans le département du Ndé, région de l’Ouest Cameroun. En l’espace d’une semaine, cinq présumés voleurs ont été tués par des conducteurs de moto auxquels se sont mêlés d’autres vengeurs. Ces actes font suite à la montée des agressions dans plusieurs localités de ce département.
Chose curieuse, c’est entre les mains des gendarmes qui les avaient déjà arrêtés que les populations et conducteurs de mototaxis sont allés récupérer "leurs voleurs" pour les lyncher, rapporte le journal Le Jour dans son édition en kiosque ce 7 septembre 2020.
D’après le journal, la première scène macabre, d’une violence inouïe, a eu lieu à Bazou. Des conducteurs de mototaxis décident de venger leur collègue, violemment agressé et abandonné dans la brousse, dans la nuit du 30 août 2020, par des individus non identifiés.
«Ils lancent la chasse au voleur et reconnaissent la moto de leur collègue entre les mains d’un jeune compatriote de culture anglophone, qui travaille dans un garage. Il nie la participation à l’agression mais la pression monte et il cède. Il décide de s’échapper. Plus de 100 motos-taximen se sont lancés à sa trousse et il a fui, jusqu’à Bazou, 22km du chef-lieu du Ndé. Arrêté et mis sous protection par les gendarmes, les "benskineurs" menacent de brûler la brigade s’il n’est pas livré. Il est battu à mort et son corps est abandonné, à quelques mètres de la brigade, riche de deux éléments au moment des faits», relate Le jour.
Une scène similaire va se reproduire quelques jours plus tard. «Les motos-taximen de Bangangté, une fois de plus, ont poursuivi un voleur à moto qui s’est réfugié à la gendarmerie. Il a été récupéré comme la première fois et lynché», lit-on. Trois autres présumés voleurs (un à Bassamba, un second à Bangangté et le dernier à Bazou) seront également tués.
Selon un mototaximan, qui s’est confié dans les colonnes du journal, «ça ne sert à rien de les mettre en prison. Ils ne peuvent pas nous faire ce qu’ils font et on les laisse vivre. On ne va plus tolérer leurs exactions», soutient-il.