Le début de la justice pour les familles des victimes ! Les militaires impliqués dans le massacre de Ngarbuh seront jugés au Tribunal Militaire de Yaoundé à partir de ce jeudi 17 décembre 2020. La justice va tenter de faire la lumière sur cet incident, considéré par des ONG comme l’une des pires bavures de l’armée depuis le début de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en octobre 2016.
A la suite de l’enquête prescrite par le Chef de l’Etat, deux soldats et un gendarme avaient été arrêtés. Ils sont accusés de meurtres, d’incendie criminel, de destruction, de violence contre une femme enceinte et de violation de consignes.
Il s’agit notamment de sergent Baba Guida, le gendarme Sanding Sanding Cyrille et du soldat de première classe Haranga Gilbert.
«Dix-sept membres d’un groupe d’autodéfense et un ancien combattant séparatiste ont également été inculpés mais sont toujours en liberté, tandis que les officiers supérieurs des forces de sécurité susceptibles d’avoir des responsabilités dans la chaîne de commandement n’ont pas été arrêtés ni inculpés», indique Human RightsWatch (HRW) qui a publié un article sur le sujet le 14 décembre.
Cinq avocats doivent représenter les victimes et leurs familles, qui peuvent être présentes dans la salle d’audience. Mais il reste à déterminer si elles disposeront des ressources et de la protection nécessaires pour se rendre à Yaoundé et assister au procès, ajoute HRW.
«Les autorités camerounaises, avec le soutien de partenaires, y compris l’ONU, devraient veiller à ce que les parties civiles soient présentes au tribunal pendant toute la durée du procès et garantir la sécurité de tous ses participants, notamment les accusés, les victimes, les témoins et les défenseurs des droits et les journalistes impliqués dans le procès», recommande Human Rights Watch.
Pour mémoire, plusieurs civils avaient été tués à Ngarbuh (Nord-Ouest) le 14 février 2020, au cours d’accrochages avec les groupes armés séparatistes. L’enquête de Paul Biya dit que 3 femmes et 10 enfants ont été tués par des militaires et des membres d’un comité de vigilance et que pour dissimuler leur bavure, les militaires avaient ensuite incendié le village.
Plusieurs organisations, dont les Nations Unies et HRW parlent d’une vingtaine de morts, dont plus de 10 enfants.