Jean-Pierre Bekolo a accordé ce jour (9 juillet 2020) une interview à l’agence de presse russe Sputnik. Le cinéaste camerounais très engagé dans le combat pour l’alternance dans son pays a répondu aux questions en rapport avec la crise politique et la succession du président Paul Biya.
La France, ancienne tutelle du Cameroun, est présentée comme trop paternaliste et pas disposée à laisser le changement survenir dans le respect des règles démocratiques. Il espère une transition en douce. «Si nous réussissons à négocier le passage à un nouveau régime je pense que nous aurons résolu tous les problèmes ? C’est l’erreur d’Emmanuel Macron et de la France. Que ce soient les erreurs ataviques de la Françafrique, une espèce de légèreté, d’ignorance, d’incompétence, ce qui est clair c’est que le sort du Cameroun dépend de comment la transition va se passer. Et si le gré à gré pour eux semble la solution, je dis "bonne chance"».
Jean-Pierre Bekolo pense que tout aurait pu s’arranger avec l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Maintenant, il redoute une implosion du fait de la bataille pour la succession qu’il voit venir. Un scénario dont les protagonistes seraient les actuels proches collaborateurs du président Paul Biya.
«Ce qui est pire ce n’est pas la guerre qu’ils sont en train de mener à l’opposition ou aux anglophones, c’est la guerre entre eux. Parce que dès que quelqu’un sera positionné, je vous promets qu’il y aura une guerre mais alors une guerre féroce entre les différents caciques du pouvoir (…) Quand je vois ce qui est en train d’être fait, dès qu’un nom va sortir, je suis sûr que ce sera la nuit des longs couteaux», assure-t-il.
Dans le même registre, il analyse le rôle de Kamto dans cette bataille pour le pouvoir. Le cinéaste estime que le président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun a mieux manœuvré que ceux qu’il présente comme ses concurrents. « Si les caciques du pouvoir détestent autant Maurice Kamto, c’est parce qu’il en faisait partie. Lui il a fait son coming out avant eux; il a pris de l’avance. Finalement la détestation de Kamto est liée au fait que lui, il a eu le courage, a été visionnaire, a fait ce dont tous rêvaient avant», analyse Jean-Pierre Bekolo.