Jeudi, 26 Août 2021, il est 15 heures. Nous sommes à Afrique Hôtel, un établissement touristique situé dans le 3ème arrondissement de la ville de Douala. L’une de ses salles accueille une conférence de presse. Elle n’est pas comme les autres. Ce sont des membres d’une famille polygamique qui ont réuni les journalistes pour leur parler des problèmes qu’ils rencontrent. Ces jeunes, femmes et tout-petits sont entourés de leur conseil Me Corentin Doungue, avocat aux barreaux du Cameroun et de Gambie. Au cours de leur communication, le nom Jules Mbida Mbezele est souvent entendu. C’est l’un des membres de cette fratrie détenu en ce moment à la prison centrale de Ngoumou "depuis deux semaines" Il est poursuivi pour "coups et blessures en coaction" par son frère consanguin Pierre Ebanda.
Me Doungue et son équipe se battent pour que l’homme privé de liberté soit relaxé. L'avocat pense qu’ « on n’a pas besoin de le mettre en détention » puisqu’il a un domicile connu et bénéficie de la présomption d’innocence. Le juriste s’emploie à démontrer que la procédure en cours est entachée d’irrégularités. Il assimile à un « enlèvement » l’action qui a permis l’arrestation de Mbida Mbezele. Il soutient que la brigade de gendarmerie de Ndogbat, à Douala, a prêté main forte à la brigade de gendarmerie de Ngoumou venur l’arrêter avec un mandat d’amener. C’est pourquoi il prépare une requête auprès du Tribunal de Première Instance de Ndokotti pour dénoncer cette action et savoir si l’enlèvement a eu lieu avec la connaissance du Parquet de Ndokotti , le patron en matière pénale dans cette zone.
Me Doungue annonce déjà qu’il a attaqué l’ordonnance qui a été notifiée à Mbida Mbezele, auprès de la Cour d’Appel du Centre. « L’ordonnance est intitulée Cour d’Appel de l’Ouest, Tribunal de Première instance de Bafoussam, or le juge d’instruction qui prend l’ordonnance est en service au tribunal de Ngoumou qui est du ressort de la Cour d’Appel du Centre », soutient l’avocat. Il parle de « supercherie » et espère qu’elle sera « mise à nu ». L’homme en robe relève que le mandat qui prive Mbezele de liberté n’a pas de délai alors qu’elle doit être de 6 mois renouvelable une fois. L' autre chose qu’il présente comme une faille, est la « violation de l’article 26 du Code pénal camerounais qui demande à ce que la filiation complète de la personne mise en détention doit se retrouver sur le mandat. Si vous lisez le mandat, vous allez voir juste le nom Mbida Mbezele. La filiation n’est pas là. Pas de nom de la mère, du père et autres », argumente-t-il.
Les déboires de Jules Mbida Mbezele sont la conséquence d’une querelle familiale, une bataille de succession qui dure depuis 2015 année du décès du chef de cette famille polygame, Robert Mbezele. Selon son conseil et sa sœur Séraphine Nguele Mbezele, son opposition à son demi-frère Ebanda lui a valu d’être convoqué au moins 23 fois au groupement de gendarmerie territoriale de Douala, au commissariat du 11ème arrondissement, à la brigade de gendarmerie de Ndogbong, à la région de gendarmerie du Littoral et au parquet du Tribunal de Ndokoti en l’espace de deux ans. Ceux qui le soutiennent précisent qu’il a été placé en garde à vue à quatre reprises pendant cette période, trois d’entre elles se soldant par une détention d’une semaine. « Tout à l’heure je faisais le tour des différentes convocations dont il a été le destinataire depuis un certain temps, j’étais à 23 convocations. Il a fait le tour de presque toutes les unités de police et de gendarmerie. Gardé à vue à la légion de gendarmerie, au groupement de gendarmerie, au commissariat du 11ème arrondissement, convoqué au commissariat du 8ème arrondissement, sans compter les différentes convocations qu’il a reçues du Parquet de Ndokoti. Ça en fait quand même trop pour un individu », s‘alarme Me Corentin Doungue tout en déclarant avoir déposé une requête auprès de la Cour d’appel du Littoral pour dénoncer cette situation.
Séraphine Nguele Mbezele affirme qu’elle et ses frères issus du second lit de Robert Mbezele vivent un « calvaire » depuis 6 ans. Un bébé dans les bras, elle raconte que Pierre Ebanda est réapparu en compagnie de sa mère qui avait quitté son foyer "depuis 46 ans", après le décès de leur père mort sans laisser de testament, en revendiquant la propriété du terrain qui abrite la concession, au lieu dit, "marché Dakar" (Douala 3ème). « Il nous a demandé de quitter la concession au motif que nous n’avons rien à fy aire et a pris possession des boutiques que le père louait mensuellement à 22 000 Francs chacune. Sa sœur utérine, venue d’Europe s’est proclamée successeur de notre père », rapporte Séraphine Nguele Mbezele. Me Doungue conteste le jugement d’hérédité ainsi produit. Il déclare qu’il a été fait à l’insu de la partie qu’il défend. Raison pour laquelle, ils se sont « invités à cette procédure ». Il fait savoir que l’affaire est pendante au Tribunal. L’empoignade entre Ebanda et Mbida soutenus chacun par leurs frères utérins et même des personnes étrangères à leur famille continue. Elle a pris des proportions ces dernières semaines et se déporte désormais sur le terrain médiatique. Selon certaines informations, l’intérêt d’une entreprise de la place pour l’espace familial de 400 mètre carrés est à l’origine de la querelle. L’on apprend ainsi que Pierre Ebanda et Cie voudraient profiter seuls des 125 millions de Francs CFA que l’opérateur économique sus évoqué propose pour acquérir l’espace foncier familial au centre de la discorde.
Cameroon-info.net a essayé depuis la fin de la conférence de presse jeudi et plusieurs autres fois ce vendredi, de joindre Pierre Ebanda afin d’avoir sa version de ce conflit familial, mais celui-ci ne décroche pas chaque fois que nous composons l’un de ses deux numéros que nous connaissons.