Face aux réactions que suscite l’annonce de la création du « Mouvement 10 Millions de Nordistes », Guibaï Gatama son fondateur apporte explications et précisions. Le directeur de publication du journal L’œil du Sahel répondant à un membre du groupe Facebook « Maroua en marche » répond à plusieurs préoccupations. Sur l’une d’elles en rapport avec ses motivations il déclare : « puis-je te rappeler que mes combats ont été toujours ceux de la communauté ? Le Mémorandum du Grand Nord en 2002, l’Ecole Normale de Maroua en 2007, la restitution des dépouilles des putschistes de 1984, Boko Haram... je n’y vois ni des questions religieuses, ni ethniques, ni régionales ».
Guibaï Gatama souhaite voir les Camerounais originaires du Grand Nord se débarrasser de petites considérations, s’élever pour se tenir debout, « et parler comme des citoyens qui ont également droit au chapitre dans cette République ». Il dénonce des actes de discrimination envers les « Nordistes ». Il évoque ainsi les milliards que l’Etat a débloqué pour la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « Et l’Extreme-Nord qui souffre depuis des années du fait de Boko Haram en a reçu combien ? Zéro milliard. Et les éleveurs de l’Adamaoua, presque tous paumés et fauchés du fait des preneurs d’otages ? Zéro milliard », demande Guibaï Gatama qui appelle les siens à avoir une conscience « nordiste ». « Tenons-nous debout pour des causes communes. Débarrassons-nous de petits clichés. Voilà pourquoi le « Mouvement 10 millions de Nordistes » est apolitique, au-delà des partis, des ethnies, des religions, des frontières administratives. Il ne rassemble qu’autour d’une seule identité : l’identité Nordiste. Quand on m’appelle Nordiste avec mon boubou, je ne sais si celui-là se demande de quelle ethnie, de quelle religion, de quelle région, de quel parti je suis ? Quand on dit lors des concours ou des nominations ici et là «ajoutez un nordiste » pour boucher un trou, je ne sais pas qui se demande si je suis de telle ethnie, de telle religion ou de telle région. Quand nous sommes oubliés ici et là, quand les projets structurants sont déversés partout sauf chez nous, je ne sais pas si cela concerne seulement telle religion ou telle ethnie... », argumente le patron de L’œil du Sahel.
Pour montrer que c’est cet état d’esprit qui peut amener des victoires, il brandit l’admission collective de candidats à un concours il y a 13 ans. « Quand le président Paul Biya a ordonné en 2007, après une forte mobilisation des uns et des autres, d’admettre tous les candidats du Grand-Nord à l’ENS de Maroua, on a pris tout le monde sans demander de quelle région, de quelle ethnie ou de quelle religion étaient les candidats... », se réjouit Guibaï Gatama.