
Abel Elimbi Lobe n’a pas changé ses habitudes après sa suspension et sa démission du Social Democratic Front (SDF) le week-end dernier. Par exemple, lundi 7 novembre 2016 sur radio Equinoxe, l’ancien secrétaire national à la communication a dénoncé ce qu’il estime être les tares du fonctionnement du premier parti de l’opposition au Cameroun. Il a particulièrement dénoncé une propension maladive à la corruption. «(…) Nous savions aussi que les décisions du parti depuis un certain temps sont motivées par la circulation de l’argent. Elles se prennent à l’emporte-pièce, à la tête du client qui paye le plus», accuse-t-il avant d’indexer un adjoint au maire de la commune d’arrondissement de Douala 5e.
«Donc vous ne pouvez pas avoir des explications objectives à la validation de l’élection de monsieur Ngoualem Carlos par exemple qui a détourné de l’argent, qui n’a pas été traduit au conseil de discipline, mais qui est poursuivi au Tribunal par le SDF. Le SDF ne peut pas faire croire aux gens qu’il valide une telle élection et penser que le peuple camerounais qui le voit agir ne va pas s’interroger sur la pertinence des valeurs morales qui ont encore cours ici», défend Elimbi Lobe. Il se fait l’écho des critiques qui disent que le SDF et «en particulier son chef» est particulièrement corrompu. Il dénonce le fait qu’il n’y ait jamais eu une réflexion interne sur le sujet.
Lorsque l’on lui dit qu’il est quasiment seul à crier, l’homme répond que la lutte pour la défense des valeurs morales n’a jamais été nulle part dans le monde l’œuvre des majorités. Selon lui, il y a au SDF « une grande majorité silencieuse » au nom de qui parlaient des gens comme lui. Il accepte d’être qualifié d’indiscipliné et cite le cas de John Fru Ndi, un autre indiscipliné qui a fait avancer la démocratie camerounaise. «Si tout le monde était resté à l’intérieur du parti unique à être des béni-oui-oui il n’ ya n’aurait jamais eu de multipartisme», rétorque-t-il en citant l’exemple du député Rdpc Martin Oyono qui refusa cette année même de voter la loi sur le Code pénal.
Elimbi Lobe martèle que le SDF doit être un exemple en matière d’alternance. «Nous sommes arrivés à un niveau où le SDF ne peut plus porter l’alternative si lui-même n’est pas crédible en son sein. Vous ne pouvez pas demander à monsieur Biya de partir parce qu’il a fait 34 ans au pouvoir et que votre chef a fait 26 ans n’a jamais connu l’alternance».