Le Cameroun est actuellement le troisième plus grand producteur d’huile de palme en Afrique avec une production annuelle estimée à 230 000 tonnes. Malheureusement, celle-ci ne saurait satisfaire la demande locale qui est estimée à environ 325 000 tonnes. Dans sa vision économique en vue de l’émergence à l’horizon 2035, le secteur des palmiers à huile constitue pour le Cameroun, un levier sur lequel l’on pourrait s’appuyer pour développer les zones rurales en les pourvoyant des opportunités d’emplois. Selon une étude menée en 2011 par le Ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle et l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ce secteur peut générer au minimum 65 000 emplois directs et indirects au niveau de la production de l’huile de palme brute.
Malgré ces potentialités, plusieurs facteurs continuent de freiner l’envol de ce secteur. Notamment : la vieillesse des plantations exploitées, la faible fertilisation, entre autres. « Il y a le matériel végétal qui n’est pas de qualité, il y a une fertilisation qui est non adéquate, il y a une transformation artisanale qui n’est pas à la hauteur de ce qu’on aurait voulu. C’est donc sur cela qu’on doit pouvoir travailler pour augmenter les rendements de la population villageoise et même les rendements de la production industrielle parce que la production industrielle au Cameroun est à peu près la moitié de ce qu’on fait en Asie du Sud-Est », explique Ngom Emmanuel Pierre Jonathan, ingénieur agronome et coordonnateur du projet national de développement du palmier à huile et hévéa.
La filière Palmier à huile au Cameroun, apprend ce cadre du Minader, c’est 70 000 hectares de plantations industrielles et à peu près 100 000 hectares de plantations villageoises, c'est-à-dire les plantations des privés. Les 70 000 hectares de plantations industrielles produisent à peu-près 180 000 tonnes alors que les populations villageoises qui ont environ 100 000 hectares produisent environ 70 000 tonnes. « C’est le principal contraste qu’on a sur l’huile de palme au Cameroun. Le contraste vient du fait que le management des plantations privées n’est pas parfait », relève notre interlocuteur.
Forte demande
C’est donc pour renforcer les capacités des acteurs de ce secteur que le Fonds mondial pour la Nature (WWF) organise depuis le mercredi 21 février 2018 (jusqu’au 23), un atelier à Douala. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le délégué régional du Ministère de l’agriculture et du Développement rural (Minader) pour le Littoral, Jean Claude Konde. Il est question au cours de ces travaux d’amener les acteurs impliqués dans le secteur de l’huile de palme à examiner les problèmes clés de cette filière et permettre son émergence au Cameroun. Il s’agit également de créer une synergie entre les différentes politiques, programmes et projets autour de l’huile de palme au Cameroun ; examiner les contraintes et les opportunités afin d’améliorer les capacités des petits exploitants et mettre un place un partenariat gagnant-gagnant entre ces derniers et les industries du secteur afin d’optimiser la production et les revenus. L’atelier vise par ailleurs à informer les participants sur les récentes initiatives et évolutions dans le secteur de l’huile de palme au niveau mondial et au niveau régional avec de possibles impacts sur le Cameroun…
« Il y a une forte demande de l’huile de palme au Cameroun, non seulement pour la consommation humaine mais aussi pour certaines industries comme les savonneries. Et de temps en temps, nous importons l’huile de palme d’autres pays. L’objectif de cet atelier est de trouver les stratégies pour augmenter la production d’huile de palme au Cameroun, tout en respectant l’environnement », résume le délégué régional de l’agriculture et du Développement rural pour le Littoral. A l’issue de ces assises, les organisateurs souhaitent que les parties prenantes tracent une voie pour le développement durable de l'huile de palme, en tenant compte des défis, des opportunités et des perspectives du secteur. L'atelier regroupe à la fois des exploitants privés, les représentants des industries opérant dans le secteu de l'huile de palme, des cadres du Minader et des responsables de plusieurs autres organisations agricoles.