Le milieu du sport camerounais, voire africain, a perdu l’une de ses figures emblématiques. Apollinaire Ngangue, est mort le samedi 04 avril 2020 des suites de maladie dans une clinique à Douala. « Il a été emporté par une maladie qui le terrassait depuis plusieurs années, rien à voir avec le coronavirus qui est à la mode » a tenu à préciser un ami du défunt.
La génération actuelle se souviendra du septuagénaire comme un ancien collaborateur fidèle du président Issa Hayatou pendant le long règne de près de trois décennies de ce dernier à la tête de la Confédération africaine de football (CAF).
Mais, avant de rebondir au cabinet du dirigeant camerounais au siège de l’instance au Caire en Egypte, Apollinaire Ngangue s’était fait limoger quelques mois plus tôt de son poste de Directeur des stades de Douala par Massoua II Bernard, alors ministre des sports et de l’éducation civique.
« Directeur des stades de Douala après son remplacement par Albert Roger Milla à la direction administrative des équipes nationales de football, sa vie va être anecdotique. Illustration de la plus croustillante. Après un match international au stade de la Réunification, le lendemain tôt le matin, son Ministre de tutelle et ancien président de Dihep Di Nkam, Massoua 2 Bernard débarque au bureau de M. Apollinaire Ngangue et lui exprime un besoin d'un million de FCFA. Le Directeur dépose le pactole et exige une décharge. Le Ministre de la jeunesse et des sports lui remet sa carte de visite. L'ancien international de judo récupère immédiatement le paquet. Courroucé et très mécontent, le Ministre sort du bureau du directeur, prends la route pour Yaoundé. Le lendemain, le journal parlé de 13 heures finit par une décision du Ministre qui remplace M. Apollinaire Ngangue par M. Lobe, une autre ceinture noire de judo. Les voies divines sont insondables. M. Apollinaire Ngangue ne chôme pas pour longtemps puisque M. Issa Hayatou le prend à ses côtés au bureau de la CAF à Yaoundé. L'aventure internationale a duré jusqu'au départ de M. Issa Hayatou de la CAF » relate Fernand Nenkam, ami du défunt et ancien journaliste de sport au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune…
Avant de servir dans l’entrainement et l’administration du sport, Apollinaire Ngangue a été un sportif multisport : Footballeur et coéquipier de l’emblématique Jean-Pierre Tokoto aux Jeux OSSUC (Office des sports scolaires et universitaires du Cameroun) disputés à Nkongsamba en 1968, puis plusieurs fois champion du Cameroun et d’Afrique de judo.
« Il décède étant Maitre de Judo 7e DAN. Après sa carrière de compétiteur, il devient arbitre. Pinalo, de son petit nom, est le tout premier camerounais arbitre du niveau mondial de judo. Je suis bouleversé par cette disparition parce que, avec Maitre Ngangue, j’étais en train d’écrire un livre sur l’histoire du judo camerounais » regrette Maitre Ewane Zambo, ancien président de la fédération camerounaise de judo.
« Je commence à être un peu embrouillé car l’envergure très respectable de l’œuvre de ce grand bâtisseur dans ma vie familiale et professionnelle, et dans la vie de beaucoup d’autres avant et après moi, nécessite un témoignage précis, de la part de nous tous qui l’avons connu, côtoyé, aimé et apprécié, afin que son modèle et son exemple inspirent les jeunes générations… Dans la vie, nous laissons couler beaucoup de fleuves. Des fleuves visibles et tarissables comme la salive, l’urine, les larmes, le sang. Et des fleuves invisibles et intarissables comme l’amour et l’amitié, que nous devons tous les jours apprendre à développer, à partager et à entretenir jusqu’à notre dernier souffle de vie comme a su le faire Maître Ngangue » a écrit Albert Nguidjol, ancien joueur et ex secrétaire général de la Fédération camerounaise de football dans un vibrant hommage rendu à l’illustre disparu.