Cameroun - Décès de Manu Dibango/Achille Mbembe (philosophe): «L’homme aux mille vies a choisi cet étrange moment pour s’éclipser, nous laissant à nous-mêmes, à nos turpitudes et à nos lâchetés»

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Mar-2020 - 15h52   3598                      
1
L'écrivain camerounais Achille Mbembé, le 12 juin 2011 à Saint-Malo lors du festival "Etonnants voyageurs" AFP/Archives/CYRIL FOLLIOT
Le philosophe théoricien camerounais a rendu un vibrant hommage au célèbre musicien camerounais.

Manu Dibango est mort! Aussi surréaliste que cela puisse paraitre, le célèbre saxophoniste est bel et bien décédé ce mardi 24 mars 2020 en France. Les afficionados de son art sont inconsolables, eux qui s’étaient presque convaincus de l’immortalité  de ce monument de la musique mondiale qui a 86 ans, avait encore le pas alerte. Malheureusement,  la pandémie du Coronavirus, qui fait rage à travers le monde, a malicieusement ôté la vie  à ce vieux sage.

Pour Achille Mbembe,  philosophe, politologue, historien et enseignant universitaire, la mort physique ne  peut, et ne pourra effacer de la mémoire collective l’œuvre gigantesque que lègue à la postérité Emmanuel N’djocke Dibango dit Manu Dibango. Car pour lui, le «Papy Groove» était plus qu’un simple artiste, mais un laboratoire savant.

«LE NEGROPOLITAIN VOUS DIT ADIEU

 Tout le monde en parle. Et a juste titre. L'homme aux mille vies a choisi cet étrange moment pour s'éclipser, nous laissant à nous-mêmes, à nos turpitudes et à nos lâchetés, après nous avoir accompagnés pendant si longtemps.

 Né au Cameroun, c'est en réalité le monde qui aura été son pays.

 Son saxophone en bandoulière, il l'aura arpente de long en large, anime par le fou rêve d'en habiter tous les recoins. Simultanément. C'est parce que, au fond, il était possédé par un mignon démon, le démon de la curiosité.

 Du haut de sa taille altière et de son immanquable crane reluisant, Dibango était un laboratoire ambulant. Il ne cessa jamais d'apprendre. Il laisse derrière lui une œuvre à la fois gigantesque et ineffaçable.

 Elle est un don non à un pays, mais au monde tout entier, qui fut sa véritable famille, et qui sut l'accueillir et lui offrir l'hospitalité dont il avait besoin pour créer.

 Puisse-t-il, à présent, conserver l'héritage que nous laisse celui-là qui, il était une fois, se définissait lui-même comme un "Negropolitain"», a-t-il écrit sur Facebook.

 

Auteur:
Claude Paul TJEG
 @T_B_D
Tweet
Facebook




Dans la même Rubrique