El Hadj Aboubakar quitte les instances nationales de la Croix-Rouge Camerounaise (CRC). Le dirigeant élu en 2017 sur la liste conduite par Cécile Akame Mfomou a annoncé dans une lettre adressée au ministre de la Santé Publique le 21 avril 2021, et qui s’est retrouvée sur les réseaux sociaux mardi, sa démission du poste de 1er Vice-Président National et de sa fonction de membre du Comité de Direction de cette organisation. Il s’insurge ainsi contre «la mal Gouvernance au sein de cette Organisation Humanitaire».
Aboubakar accuse la présidente du bureau élu en 2017 de pratiquer «une gestion non orthodoxe des ressources Financières, Humaines, Matérielles, et des dérives éthiques dans la gouvernance de cette noble institution humanitaire». Elle aurait instauré à la Croix-Rouge l’égoïsme, le tribalisme, le népotisme, l’exclusion, le cynisme, la haine, la violation permanente des dispositions statutaires et réglementaires de l’institution comme mode de gouvernance.
Le démissionnaire affirme que «cette situation alarmante a déshumanisé la CRC et l’a plongée dans le chaos et l’impasse». Il dit avoir tenté en vain de sauver les meubles. «Pour inverser la tendance aux dérives éthiques et sa gestion chaotique, je lui ai adressé en juillet 2018 une correspondance qui faisait sans complaisance, l’évaluation de la détérioration de l’environnement dans la gestion de notre Organisation. Fidèle à ses habitudes, cette correspondance n’a jamais fait l’objet ni d’un débat au sein du comité de Direction, ni une réponse de la part de son destinataire», déplore El Hadj Aboubakar, qui se dit ainsi contraint de rendre son tablier.
«Eu égard à toutes ces dérives non conformes à l’esprit, à la lettre, et la doctrine humanitaire internationale qui caractérisent notre organisation, et prenant en compte, mon éducation, ma conscience, les engagements moraux et les conventions qui unissent notre Pays avec le mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, en tant que personne légaliste et loyaliste, je me sens dans l’obligation et la légitimité de crever l’abcès, plutôt que de garder un silence complice. À cet effet, j'ai l’honneur de porter humblement à votre haute attention, ma décision de démissionner à compter de ce jour, aux fonctions de Premier Vice-Président National et de Membre du Comité de Direction de la Croix Rouge Camerounaise pour ne rester qu’un volontaire et humanitaire dévoué et engagé», explique-t-il son acte.
Il fustige «le manque de collaboration, le renfermement sur le cercle tribal et familial, ainsi que la gestion de cette institution aux grès de ses humeurs» de la présidente de la Croix-Rouge. Il décrit une gouvernance caractérisée par «les mauvais choix stratégiques, et l’opacité dans la gestion des ressources».
Il dit avoir décidé dès la fin de la première année de se mettre progressivement à l’écart des activités du siège, et ne participer qu’aux sessions du Comité de Direction dans le but de préserver sa dignité et son intégrité morale «bafouées». Dans sa lettre à Malachie Manaouda, Aboubakar accuse Cécile Akame Mfoumou de passer le clair de son temps «dans les manœuvres dolosives, et les duperies impropres à une organisation humanitaire du calibre de la CRC». Il soutient qu’elle a modifié les statuts pour prendre de l’avance sur ses adversaires aux prochaines élections prévues en août 2021. «Je ne voudrais surtout pas que mon nom soit associé à la dynamique de deshumanisation de la CRC», écrit-il, en souhaitant qu’une enquête sur la gestion de dame Akame Mfoumou soit ouverte.
«Sauf meilleur avis de votre part, Excellence Monsieur le Ministre, l’envoi d’une mission d’audit ou d’un contrôle approfondi par un organisme Etatique dans cette organisation reconnue d’utilité publique par un Décret Présidentiel en 1963, par les autorités de notre pays, qui ont également signé une convention avec le Mouvement International de la Croix Rouge. Cette mesure de sauvegarde permettra non seulement de mieux évaluer la profondeur du désastre et le niveau de destruction dont souffre de la Croix Rouge Camerounaise, mais aussi et surtout de mettre un terme à la logique de spoliation des ressources et l’image de cette organisation qui se veut humanitaire et auxiliaire de l’administration Camerounaise», lit-on dans la longue lettre de démission d’El Hadj Aboubakar.