Le gouvernement de Paul Biya reste muet. Pourtant, les pressions internationales s’accentuent sur le Cameroun. Les prises de position de la communauté internationale se multiplient au sujet de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et de l’incarcération de l’opposant Maurice Kamto et de ses partisans. La dernière sortie en date remonte au 17 avril 2019.
Le Parlement Européen a pris une résolution à travers laquelle il «regrette profondément l’arrestation et l’incarcération de Maurice Kamto et d’autres manifestants pacifiques; demande aux autorités camerounaises de libérer immédiatement Maurice Kamto et toutes les autres personnes détenues pour des chefs d’inculpation de nature politique, arrêtées avant et après l’élection présidentielle de 2018».
L’organe parlementaire de l’Union Européenne demande aussi au pouvoir de Yaoundé d’ouvrir un dialogue inclusif pour résoudre la crise anglophone. Si rien n’est fait, menace le Parlement Européen, «la crise au Cameroun devra être portée à l’attention du Conseil de Sécurité des Nations Unies».
Cette position rejoint celle exprimée par la Commission des droits de l’Homme et des Peuples de l’Union Africaine, dans un communiqué publié le 11 avril. Elle a notamment exprimé son inquiétude au sujet «de la détérioration graduelle de la cohésion sociale au Cameroun sur fond d’incitation à la haine ethnique et à la violence intertribale».
Sans être explicite, Tibor Nagy, le sous-Secrétaire américain aux affaires africaines, avait laissé entendre quelques jours avant, qu’il s’occuperait du cas du Cameroun après le Soudan. Ces sorties interviennent dans un contexte marqué par la publication de rapports accablants de plusieurs ONG (Human Rights Watch, Amnesty International, Reporters Sans Frontières etc.), qui accusent notamment les forces de défense et de sécurité camerounaises de recourir à une violence disproportionnée dans la gestion de la crise anglophone.
Acculé de toute part, Yaoundé garde le silence. Pas une seule sortie officielle n'a été faite par un membre du gouvernement au sujet de ces allégations. Certainement une stratégie pour éviter d’envenimer une situation déjà bien tendue.
Fred BIHINA