A l’heure actuelle, il est difficile de dire avec exactitude quand est ce que la pandémie de coronavirus qui continue sa progression au Cameroun sera jugulée.
Mais déjà, des experts s’accordent à dire que les mesures prises par le gouvernement (la fermeture des frontières, la limitation des déplacements dans le pays, la régulation des horaires dans les marchés et le ralentissement de certaines activités commerciales (restaurants, débits de boissons, tous fermés à partir de 18h) pour tenter d’endiguer la diffusion du virus vont fortement impacter l’économie camerounaise.
Une étude publiée le 13 mars 2020 à Addis-Abeba en Ethiopie par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) prédit, pour le Cameroun, une chute de 3,1% des revenus du tourisme et des exportations pétrolières et hors pétrole, à cause de la crise du Coronavirus, rapporte le quotidien Le Jour dans son édition du 19 mars 2020.
La CEA, dirigée par la camerounaise Vera Songwe, estime que «les pertes que le Cameroun pourrait enregistrer sur ses revenus du tourisme et d’exportations représenteront jusqu’à 4,1% du PIB du pays. Avec un pic de 2% du PIB sur les revenus des exportations du pétrole brut, 1,5% du PIB sur les revenus du tourisme et 0,6% du PIB sur les revenus issus des exportations d’autres matières premières et produits d’exportation».
Dans les colonnes du journal, l’économiste camerounais et adjoint au Représentant Résidant du FMI à l’Union Européenne, Christian Ebeke, soutient également que les mesures prises par le Premier Ministre le 17 mars 2020 ne seront pas sans conséquences sur l’économie locale. «Le Cameroun est une économie essentiellement tournée vers l’étranger où nous achetons la plupart des produits que nous consommons. Il est évident qu’en fermant nos frontières, on risque une inflation généralisée», relève-t-il.
En effet, note le journal, «en dépit des récentes assurances données par le ministre du Commerce sur la disponibilité de stocks de produits tels que le riz, le poisson, le lait, principaux produits de grande consommation au Cameroun, on voit mal comment le pays pourrait s’exempter d’une montée vertigineuse des prix à la consommation pendant les tous prochains mois».
Si pour l’instant il n’existe pas de recettes miracles pour amortir le choc, Vera Songwe préconise d’abord l’urgence sanitaire: «Il faut s’assurer que les Etats peuvent se procurer ce dont ils ont besoin pour leurs services de santé… Evidemment, les gouvernements doivent aussi y mettre un peu de leurs ressources propres», suggère-telle.
Il faudra ensuite penser à relancer une machine économique qui sortira fortement grippée de cette rude épreuve. Et pour Vera Songwe, un accent particulier doit être mis sur le secteur privé, peut-on lire.