Le natif du Mbam, dans la Région du Centre, a eu plusieurs fois le privilège d’être aux commandes des avions présidentiels.
Justement, l’un de ses voyages sur la ligne Yaoundé-Paris en avril 2004, avec le Chef de l’Etat Paul Biya à bord, avait failli tourner au drame.
Sous le ciel camerounais, le nouveau Boeing 767-216/ER, surnommé «Albatros» avait eu, selon le Commandant de bord, "un problème de volets de bord d'attaque qui sont restés bloqués en position intermédiaire". Mais la panne avait pu être réparée en l’air, permettant à son passager VIP d’arriver à destination après avoir connu des moments de frayeur.
Mais, c’est cet incident qui avait déclenché la célèbre affaire «Albatros», laquelle avait abouti à l’emprisonnement d’anciens grands commis de l’Etat comme Marafa Hamidou Yaya ou Jean Marie Atangana Mebara. Impliqués dans le processus d’achat de l’Albatros, ils avaient été soupçonnés d’avoir mis en danger la vie du président de la République.
Cette affaire avait aussi déclenché une polémique entre le personnel navigant technique. Notre confrère, Xavier Messe, doyen du journalisme, avait particulièrement suivi cette affaire. Après avoir appris la disparition du célèbre pilote Benoit Betam, il a fait la révélation suivante sur la polémique en question.
Albatros présidentiel: Le commandant Betam parle
Il avait piloté le 1er et dernier vol de cet aéronef présidentiel.
Après ce vol à problèmes, le colonel Charly Ndongué de l’Armée de l’air accorde une interview à une radio. Il déclare que « l’avion présidentiel n’avait aucun problème...que le commandant Betam avait voulu effrayer le couple présidentiel ». Informé de cette déclaration qu’il considéra comme une de trop, le commandant Betam m’envoya sur ma demande, sa version des faits pour publication. J’étais à l’époque Directeur du quotidien Mutations. Betam était très remonté après la sortie du colonel Charly Ndongué. Je pris la décision de ne pas publier son texte pour ne pas alimenter la polémique sur un sujet délicat, conservant la sécurité du chef de l’Etat. Je l’en informerais plus tard et il répondit ainsi: « Tu fais comme tu veux; je ne voudrais pas que des gens parlent des choses qu’ils ne connaissent pas ».
Le commandant Betam vient de nous quitter pour l’éternité. Je me permets maintenant de publier sa version des faits, pour l’Histoire. Lisez:
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AFFAIRE ALBATROS: "L'AVION N'AVAIT AUCUN PROBLEME" - DE QUI ET DE QUOI PARLE-T-ON ?
"Salut Xavier. Je t'écris de Jeddah ou' je suis actuellement en train d'effectuer des vols Hadj pour le compte de la Saoudia Airlines. Je n'ai pas pu te répondre plus tôt car le programme des vols est assez chargé. Je voudrais quand même te donner quelques précisions sur cette affaire. La première c'est que monsieur Ndongue ne faisait pas partie de mon équipage, et se trouvait dans le poste de pilotage, assis sur la banquette comme observateur. Il ne pouvait d'ailleurs pas jouer de rôle actif car sortant de qualification, il devait d'abord subir un entraînement en ligne sur plusieurs étapes avant d'être confirmé comme membre d'équipage, après un contrôle en ligne satisfaisant. Ce programme d'adaptation en ligne avait d'ailleurs été déposé et approuvé par le colonel Mitlassou pour le compte de la Liaison Air de la Présidence. Il me paraît donc surprenant que votre interlocuteur, qui ne manque pas de compétence dans un autre domaine ou un autre type d'aéronef soit celui que vous mettez en première ligne pour remettre en cause les décisions d'un commandant de bord instructeur et relancer la polémique sur l'état technique d'un avion qu'il n'a jamais pilote'.
Sur le déroulement du vol .En résume' peu après notre décollage de Nsimalen ,nous avons eu un problème technique .Il s'agissait en fait d'un problème de volets de bord d'attaque qui sont restés bloqués en position intermédiaire . Mon équipage, assisté par le mécanicien accompagnateur n'a pas réussi à résoudre dans un premier temps le problème. Il s'agissait en fait d'un moteur d'entraînement des volets qui était grippe'. Par radio j'ai pu joindre notre maintenance à Douala qui m'a confirmé avoir la pièce de rechange en magasin et pouvoir nous dépanner en 30minutes. J'ai aussitôt informé notre passager VIP de la situation. Le choix étant de revenir sur Nsimalen , de continuer sur Paris avec la panne c.a.d en volant très bas avec une vitesse très réduite, ou alors de venir à Douala pour un dépannage rapide. Je crois que sa décision de venir à Douala était la plus sage. Bien entendu après avoir mis en alerte les autorités locales. Mais seulement deux minutes avant l'atterrissage à Douala nous avons réussi à débloquer les volets et nous avons mis le cap sur Paris que nous avons atteint après 5h45minutes de vol sans aucun autre incident.
Maintenant, qu’un pilote affirme qu’on peut effectuer un long vol avec une telle anomalie et de surcroît avec un VIP à bord, c’est quand même surprenant !
Cdt instructeur,
Benoit Betam"