Onobiono, Ndam Njoya, Ahidjo,Fotso Victor, Nguini Effa... Qu'est ce qui fait courir ces couples dans les travées de la Politique?
Les récentes élections législatives et municipales ont propulsé sur la scène politique nationale ou bien confirmé le parcours politique de quelques dames dont les époux se trouvaient déjà sous les feux de la rampe. Observés sous cet angle, les couples concernés sont particulièrement en vue. Car ils cheminent ensemble sur la voie de la promotion du genre dans un contexte national ou jusqu’à une époque récente, un seul membre du couple, souvent l’homme, émergeait en politique, faisant pour ainsi dire de l’ombre à son partenaire à cause du poids des traditions, d’un mimétisme politique aujourd’hui désuet ou d’une volonté concertée des époux. Comment en est-on arrivé à la situation qu’illustrent aujourd’hui ces couples ? Qui est devant pour tirer, ou derrière pour pousser l’autre en politique ? Quelle influence a pu jouer l’évolution récente de la scène politique nationale, notamment l’avènement du multipartisme ainsi que les textes législatifs et règlementaires sur le non-cumul des mandats électifs ? S’agit-il d’une amorce vers l’implication de familles (mari, femme et enfants) dans la vie politique nationale ?
Sans être exhaustif, C.T. passe en revue quelques exemples qui illustrent l’évolution observée, sans que pour autant ces exemples puissent donner d’ores et déjà des réponses pertinentes et définitives aux questions posées. On peut ainsi citer Mohamadou et Oumoul Ahidjo. Le mari Badjika Ahidjo, fils du premier chef de l’Etat camerounais Ahamadou Ahidjo, ancien président du conseil de la communauté urbaine de Garoua, est actuellement député à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’UNDP. Son épouse, Oumoul Koultchoumi, fille de Moussa Yaya Sarkifada, ancien homme politique camerounais de renom, est maire UNDP de la commune de Garoua II. Fotso Victor et ses épouses Joséphine et Julienne constituent un autre exemple. Lui, homme d’affaires très connu jusqu’au-delà des frontières nationales, membre du comité central du RDPC, est maire RDPC de Pette – Bandjoun. Son épouse Joséphine Fotso est député RDPC des Bamboutos, tandis que l’autre épouse Julienne Fotso est adjoint au maire de Yaoundé Ier sous les couleurs du RDPC. Le couple Ndam Njoya milite au sein de l’UDC dont le mari est président fondateur et maire de Foumban. Mme Hermine Patricia Ndam Njoya est député UDC à l’Assemblée nationale. Chez les Nguini Effa, Jean Baptiste est membre du comité central du RDPC et l’épouse, Rose, est député du même parti politique à l’Assemblée nationale. Il en est de même du couple Onobiono. Tandis que James Onobiono est membre du comité central du RDPC, son épouse Suzanne est député à l’Assemblée nationale. On peut observer que chaque couple a choisi son parti.
Dans un monde en pleine évolution qui met l’accent sur l’égalité et la promotion du genre, ces couples ne font pas exception. En Afrique le cas du couple Soglo est connu. Nicéphore Soglo a été président du Bénin de 1991 à 1996. Son épouse, Rosine Soglo a fondé le parti de « Renaissance du Bénin » qu’elle préside encore tout en étant député à l’Assemblée nationale. Non loin de là, en Côte d’Ivoire, l’épouse du président de la République Laurent Gbagbo est active en politique. Simone Ehivet Gbagbo est notamment député à l’Assemblée nationale et cadre du Front populaire ivoirien, le parti au pouvoir. En Amérique latine, le président de l’Argentine Nestor Carlos Kirchner Ostoic dont le mandat s’achève en fin octobre 2007 pourrait se voir succéder par son épouse Cristina Fernandez de Kirchner, sénateur de Buenos Aires et candidate à l’élection présidentielle. Toutefois les couples ne font pas nécessairement bon ménage en politique. Souvenez-vous, en France, de Ségolène Royal et de François Hollande. Quelles leçons peut-on tirer de la cohabitation du couple à la maison et en politique ? Le débat ne manque pas d’intérêt sous nos cieux comme ailleurs.
ESSAMA ESSOMBA
Une sorte de Plan B
Des couples en politique, ce n’est certainement pas une invention camerounaise. Mais comme on le sait, même les réalités les plus banales réussissent souvent à prendre de l’ampleur, par le simple fait de ce contexte si particulier qui est le nôtre. Le Cameroun c’est le Cameroun. La formule devenue populaire le dit si bien. Elle achève de convaincre qu’il ne faut pas trop vite faire de parallèle entre un couple Hollande-Royal en France et un couple Ndam Njoya au Cameroun.
Et c’est vrai qu’à première vue, la trajectoire des couples camerounais actuellement engagés en politique chez nous, laisse clairement observer quelques constantes. La plus frappante, c’est que les femmes y arrivent généralement après les hommes. Parfois plusieurs années après pour être plus précis. Oumoul Koultchoumi épouse Mohamadou Ahidjo, Suzanne Onobiono, Patricia Hermine Ndam Njoya, Juilenne et Joséphine Fotso ou encore Marie Rose Nguini Effa, ont d’abord été des épouses. A l’ombre de leurs maris célèbres. Et de ce fait, elles ont d’une manière ou d’une autre profité du nom et parfois du capital sympathie de leur conjoint pour se faire une place au soleil. Ce n’est pas un péché. Et de toute façon, que leur mérite n’en soit pas amoindri. Ces courageuses dames ont bel et bien bravé l’épreuve des urnes et cela, nul ne peut le leur dénier.
Mais une question demeure quand même : pourquoi seulement maintenant ? En cherchant la réponse, il sera difficile de ne pas voir les choses en face : d’abord, beaucoup de ces époux ne sont plus vraiment sur le devant de la scène. En tout cas pas autant qu’à l’époque où leurs femmes étaient à l’ombre. Sans savoir pourquoi, le nom de James Onobiono nous vient tout de suite à l’esprit. Car même s’il a conduit la Commission provinciale de supervision de la campagne RDPC pour les dernière élections, c’est n’est plus le bouillant homme d’il y a une quinzaines d’années. On peut en citer d’autres.
L’autre chose à ne pas perdre de vue, c’est cette fameuse loi électorale. Plus de cumul possible depuis la révision de 2006. Du coup, ça peut donner des idées aux anciens adeptes de la fonction de député-maire. La formule idéale serait de choisir l’un des deux lièvres et de laisser un proche s’occuper de l’autre. Certains choisissent leur fils. D’autres, leur épouse. On ne cite personne. Mais on constate que Mohamadou Ahidjo, ancien maire à Garoua a décidé d’aller voir à l’Assemblée nationale. Et comme par hasard, le maire élu dans la commune de Garoua II en 2007, n’est autre que son épouse Oumoul Koultchoumi … C’est clair : il n’y a pas de hasard.
Yves ATANGA
Couples in-Charge : Building A New Hegemony
The Supreme Court, acting in lieu of the Constitutional Council, today proclaims the official results of the partial elections held in the country last September 30. That act marks the end of an intensive political season and opens a new one where some noticeable landmarks characterise the functioning of the political landscape in the years to come, least of which is not the overly presence of couples in public political office.
The most prominent which come to mind include the millionaire politician Victor Fotso. Mr. Fotso, a member of the Central Committee of the ruling Cameroon Peoples Democratic Movement, won the mayoral race in Bandjoun last September 22, 2007 for a second term. He fought tooth-and-nail to have two of his wives elected. Josephine Fotso will be sitting in the National Assembly as MP of the Bamboutos constituency. Julienne, another member of the Fotso household won on the CPDM list for the Yaounde I Council. She is serving there as a Deputy Mayor.
The Onobionos are another notable couple with husband and wife in charge. James Onobiono is not just a member of the CC of the CPDM. He was campaign Manager of the party for the Centre Province and worked relentlessly to have his wife, Suzanne, elected as MP on the CPDM for Mbam-and-Inoubou. Still within the CPDM, there is another CC member Jean Baptiste Nguini Effa who also doubles as the Managing Director of the Société Camerouanise des Dépots Pétroliers. His wife, Rose is the sole MP for the Mefou-and-Akono constituency.
The phenomenon is not only prevalent in the CPDM. On the opposition side, CDU chairman resisted the temptation of attempting a third term in the National Assembly. Rather, he chose to let is wife Hermine Patricia Tomaino, head the party list. She won and Ndam Njoya preferred the position of Mayor of Foumban which he too easily won.
In the National Union for Democracy and Progress the virus also attacked. Political Bureau member Mohamadou Ahidjo, son of Cameroon’s first President Ahamdou Ahidjo, decided to jump out of second roles. He abandoned his position as chairman of the Garoua Municipal Council for a seat in Parliament. He won the seat in the September 22 poll. He also got his wife Oumoul Koultchoumi elected as Mayor of Garoua II, to ensure that the political base is under close check.
There are many other similar situations in lower rungs of the political pyramid. And even in government and the higher decision-making set up, it is not unusual to find husband and wife in very senior positions, some times in strategic and directly collaborative postings. In an era when good governance is the talk of the day, this situation must necessarily raise hairs.
But many observers have been quick to point out that the coming into force of new legislation that forbids the cumulation of certain political positions, is largely responsible for the new trend. Many public office holders would rather hold on to power through this new-found strategy of having a close one in charge than relinquishing power altogether.
Nkendem Forbinake
Adamou et Hermine Patricia Ndam Njoya : répartition des rôles
L’arrivée de Hermine Patricia Tomaino Ndam Ndam à l’Assemblée nationale a été tout, sauf un non événement. Ce député UDC du Noun Centre n’est pas la première femme camerounaise à faire ses preuves dans la vie parlementaire, loin s’en faut ! Mais les observateurs honnêtes ne peuvent pas ignorer qu’elle est l’épouse d’un leader politique bien en vue, Adamou Ndam Njoya. A son corps défendant, Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya est de ce fait un député peu ordinaire. Le couple Ndam Njoya, discret jusque-là en politique, occupe le devant de la scène à la faveur des dernières élections municipales et législatives. Adamou Ndam Njoya, ancien ministre, président national de l’UDC, plusieurs fois candidats à l’élection présidentielle, a été député de 1997 à 2007. Au cours de ses deux mandats, il n’a jamais fait monter son épouse au créneau, même s’il faut reconnaître que cette dernière, juriste de formation, est une militante de la première heure de l’Union démocratique du Cameroun.
Certains observateurs n’hésitent pas à interpréter le retrait du président national de l’UDC de l’hémicycle au profit de sa tendre moitié, comme une ruse. En clair, le numéro un de l’UDC, en bon tacticien, conserve la mairie et le siège de député en famille. Ainsi, il n’est nullement gêné par les incompatibilités qui interdisent désormais le cumul. Pour Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, une chose est sûre, les quatre députés UDC de la huitième législature peuvent compter sur l’encadrement du président national de ce parti politique. Mais la désormais secrétaire au bureau définitif de l’Assemblée nationale et membre de la commission des lois constitutionnelles, des droits de l’hommetion et du règlement, de l’administration, sait qu’elle a d’abord l’obligation d’appliquer le programme politique de l’UDC à l’Assemblée nationale. Pour ceux qui att et des libertés, de la justice, de la législaendent de voir son œuvre, sa réponse est simple. Elle n’aura pas de marque personnelle à imprimer, sa marque déposée étant celle de l’UDC.
Armand ESSOGO
Oumoul et Mohamadou Ahidjo liés par le destin
Ils se sont connus en 1969, encore gamins. Ba Djika était à l’école de l’Ecole militaire inter armes (EMIA) et Oumoul élève en classe de 4e au Lycée Leclerc. Badjika a alors pour père Ahmadou Ahidjo, président de la République. Oumoul est la fille de Moussa Yaya Sarkifalo, alors vice-président de l’Assemblée nationale. L’amour de jeunesse va se concrétiser trois ans plus tard, en 1972 par un beau mariage, dans la ville de Garoua. Depuis cette année, ils ne se sont plus quittés. Ils vivent une complicité parfaite. En septembre 1983, ils partent en exil. Oumoul, tout naturellement, suit son époux à Kaduna, au Nord du Nigéria. Ils y passent dix ans. Une décennie qui a encore conforté leur relation et leur complicité. Cette complicité va se renforcer dans le domaine politique. Pendant que Badjika entre en 1996 dans l’UNDP comme secrétaire administratif et membre du comité central du parti, un an après, jour pour jour, Oumoul le rejoindra dans le même parti comme vice-présidente de l’organisation des femmes. La même année, Badjika se présente aux élections municipales et devient le président du conseil municipal de la commune de Garoua, commune à régime spécial. Fort du soutien de son épouse, Badjika va rester à ce poste pendant deux mandats. Et c’est lors du double scrutin du 22 juillet dernier qu’il devient député à l’Assemblée nationale. Quant à Oumoul, elle restera vice-présidente du mouvement des femmes dans le même parti. Au terme des dernières élections municipales elle devient maire de Garoua.
Marthe BASSOMO BIKOE
Jean Baptiste et Rose Nguini Effa : en complément d’efficacité
Le couple ne passe assurément pas inaperçu, notamment pendant les campagnes électorales. Pour ne prendre que l’exemple du dernier double scrutin, monsieur était président de la commission communale de supervision pour le compte du Rdpc à Ngoumou, quand madame était tête de liste aux législatives. Ce n’est pas tout. Selon des informations glanées auprès de fils du terroir, Jean-Baptiste Nguini Effa, est « une élite forte », douée d’une « grande capacité de mobilisation ». Des atouts qu’il a choisis de mettre au service de sa moitié, enfant du Nyong-et-So’o menant le combat politique dans sa « belle-famille ».
Ainsi, M. Nguini Effa, ancien Secrétaire général au ministère chargé des mines et actuel directeur général de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp), « s’implique fortement pour le succès de sa femme ». Une passe décisive transformée : Madame ne dort pas. Après s’être imposée aux dernières primaires, elle a été réélue député sous la bannière du Rdpc. Elle est en même temps conseiller municipal à Ngoumou, s’implique dans des activités associatives et est membre du réseau parlementaire des femmes francophones… On peut être un vieux couple et demeurer actif.
Maintenant, tout n’est pas rose pour ces époux mariés à la politique – un métier dont les amateurs sont généralement riches en adversaires. Ainsi, certains dans la région ne verraient pas toujours d’un bon œil qu’un couple concentre entre ses mains les pouvoirs économique et politique. Les enjeux sont importants. Reste à savoir jusqu’où la politique s’invite dans l’intimité du couple.
Alliance NYOBIA
James et Suzanne Onobiono : complicité parfaite
Suzanne Onobiono compte parmi les 180 parlementaires qui siègeront à l’Assemblée nationale pour les cinq ans à venir. Comme son illustre époux, James Onobiono, grand opérateur économique et membre du comité central du RDPC, Suzanne milite dans le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Ceux qui la connaissent disent que c’est une vieille militante de cette formation politique et que son adhésion à cette formation politique remonte à 1985, année de création du RDPC. Les dernières élections législatives l’ont projetée au-devant de la scène. Elle en sort député de son Mbam et Inoubou. Dans les organes du parti, elle se faisait plutôt discrète, jouant parfois les seconds rôles au sein de son comité de base. Mais, elle n’en demeurait pas moins la dame qui se cachait derrière le grand industriel.
L’activité politique de son époux a dû lui donner quelques appétits. Quand on vit à côté d’un acteur public de cette carrure, son activité politique peut-elle laisser indifférent ? Surtout que l’homme politique doublé d’industriel draine du monde. Il y a des problèmes qui se posent, des solutions à trouver, l’adversité à gérer, l’influence à consolider, etc. Toutes choses qui ont dû créer en Suzanne l’envie de s’impliquer ou mieux le désir de s’assumer.
Pour une élite qui s’intéresse à la vie de sa région et de son pays, une citoyenne qu’on dit sensible aux questions de pauvreté et de développement, il fallait bien sortir de l’ombre. Le moment était plus qu’idéal et les dernières élections au Cameroun offraient cette opportunité à plus d’un titre. Suzanne n’a donc plus qu’à s’affirmer maintenant à l’Assemblée nationale et au sein de sa famille politique. On peut penser que le moment est venu pour James de faire à Madame le retour d’ascenseur.
Jeanine FANKAM
Victor, Julienne et Joséphine Fotso : affaires et politique
Ci-devant milliardaire de son état, Fotso Victor n’a plus besoin d’être présenté sur le podium des personnalités nationales. Homme d’affaires prospère, ce digne fils de Bandjoun et militant convaincu du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) dont il est, par ailleurs, membre titulaire du comité central depuis belle lurette, a très tôt compris que les bonnes affaires se conjuguent avec un engagement politique au service des citoyens et du peuple. A son actif on peut citer notamment la création des structures universitaires de l’Institut Fotso Victor de Bandjoun cédées clés en main à l’Etat pour favoriser l’éducation de la jeunesse. Fort de son militantisme, le milliardaire de Bandjoun a promu dans l’arène politique national deux femmes qu’il estime pouvoir apporter le meilleur à la réalisation des idéaux du président national du RDPC S.E. Paul Biya. Il s’agit de Julienne Fotso, son égérie, deuxième adjoint au maire de Yaoundé Ier et styliste de profession qui évolue allègrement dans l’univers de mode. Des compétences certaines qui seront autant d’arguments pour les magistrats municipaux qui veulent embellir leur cité. Très récemment, le patriarche bandjounais a mis sur orbite l’une des ses valeureuses compagnes en la personne de Joséphine Fotso, femme d’affaires comme son illustre mari, et désormais député élu du RDPC pour le Bamboutos. Comme élue de la nation toute entière, sons sens de création de richesses peut être valablement mis au profit de l’intérêt général. N’est-ce pas des affaires décidément politiques…
WM