La barge hôtel commandée en Turquie aurait pu être fabriquée au Cameroun.

Dans son édition du 25 mai 2010, notre confrère L’Anecdote a publié un droit de réponse à lui servi par l’ancien directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic), Zacchaeus Mungwe Forjindam, écroué à la prison centrale de New-Bell à Douala depuis le 7 mai 2008, pour détournement présumé de deniers publics.

Le Rio del Rey
Photo: © Archives

Un droit de réponse qui fait suite à un article paru dans l’édition du 10 mai dernier et qui attribuait à l’ancien Dg un rôle dans la gestion de l’affaire Rio del Rey, ce bateau hôtel que le Cameroun a acquis il y a un an par le truchement de la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Et qui est, depuis son arrivée au Cameroun utilisé pour des besoins sécuritaires dans la région de Bakassi. Zacchaeus Forjindam relève qu’en « sa qualité d’unique ingénieur architecte naval au Cameroun, M Forjindam n’a jamais été consulté dans le cadre de l’opération tendant à l’acquisition de la barge hôtel par la Snh ». Il précise surtout qu’ « en tout état de cause, même s’il avait été consulté, il aurait tout simplement proposé les services du Cnic pour construire une barge hôtel neuve à coût réduit à la place d’une barge de seconde main ». Autres révélations : « le Cnic a construit pour la première fois en Afrique, entre avril 2007 et avril 2008 à la demande et pour le compte d’un pétrolier italien, un navire forage avec une fonction hôtel. De par sa taille, ce navire est deux fois plus grand que le Rio Del Rey (…). Satisfait par la qualité du bateau construit, ce pétrolier italien qui compte parmi les plus exigeants du monde était sur le point de commander trois autres bâtiments pétroliers au moment où Monsieur Forjindam part du Cnic Sa ». On présume qu’une personnalité de la trame de l’ancien directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun, bien qu’étant en prison, sait bien de quoi il parle, surtout quant il porte de telles informations à la connaissance du public qui peut le confondre. On peut en retenir néanmoins que le Cnic possédait la technologie appropriée et a déjà réalisé, avec succès, une telle construction navale par le passé. A l’exemple de la construction de la barge hôtel du pétrolier italien. Comment comprendre que moins d’un an après cette prouesse technologique dans les chantiers navals du Cameroun, le gouvernement camerounais choisisse de passer plutôt en Turquie la commande de son bâtiment naval moins exigeant que la barge italienne? Quand on sait que qui peut le plus peut le moins. A en croire Forjindam, le Cnic aurait pu construire le Rio Del Rey à l’état neuf et à un coût plus réduit. Ce qui pourrait laisser comprendre que le Rio Del Rey aurait coûté plus cher, alors que c’est un bâtiment de « seconde main ». De nouveaux éléments qui viennent enrichir le long dossier qui a déjà couté la vie au défunt directeur de publication du journal Cameroun Express, Bibi Ngota, emprisonné, mort par la suite à la prison central de Yaoundé et inhumé depuis plusieurs semaines. Des pistes qui sont de nature à intéresser la commission d’enquête dont certaines informations indiquent qu’elle est déjà à pied d’œuvre pour voir clair dans cette autre affaire Albatros, du nom de cet avion commandé pour les voyages présidentiels. Et qui, dès son premier vol, a failli crasher avec Paul Biya et toute sa famille en 2004.